De nombreux enfants vus en pédiatrie sociale en communauté sont victimes de négligence. Celle-ci, volontaire ou involontaire, se produit lorsque les besoins émotionnels ou physiques des enfants ne sont pas comblés ou lorsque leurs droits ne sont pas respectés. On retrouve la négligence dans tous les milieux. Elle peut être le fait de proches, de l’entourage ou même de la société. Parmi tous les phénomènes d’abus, la négligence est sans conteste le domaine dans lequel la communauté à un rôle primordial à jouer. C’est pourquoi les processus d’accompagnement mis en place par la pédiatrie sociale en communauté ont pour objectif d’outiller les familles, mais aussi l’ensemble de la collectivité pour leur permettre de lutter efficacement contre la négligence.

Sébastien, 12 ans, est une victime de ce phénomène de négligence. En proie à un problème d’autisme, il est depuis longtemps suivi en pédiatrie sociale. Lors d’un rendez-vous chez un spécialiste, l’enfant se confie sur son récent refus d’aller à l’école : il ne veut pas laisser sa mère seule. Après des années d’abstinence, celle-ci a recommencé à consommer. Inquiétée par un possible signalement, Dr Julien et les intervenants se rendent à domicile et constatent une négligence involontaire qui touche non seulement le jeune garçon, mais aussi ses frères et sœurs et, enfin, sa mère. Malade et incapable du moindre mouvement, la maman ne peut répondre aux besoins de ses enfants. Malgré les demandes de prises en charge et de soutien, aucun service n’a été mis en place pour lui venir en aide. Dans une telle situation de vulnérabilité, l’éventualité d’un placement est envisagée comme une terrible épreuve supplémentaire.

Afin d’apporter leur soutien, l’équipe du centre de pédiatrie sociale mobilise alors rapidement la famille élargie. Le partage d’un repas au sein de l’appartement de Sébastien permet de créer un lien de confiance et une situation favorable pour bâtir un plan d’action. Celui-ci prévoit tout d’abord la mobilisation des partenaires pour permettre l’hospitalisation de la maman. Il prévoit également la constitution d’un cercle protecteur autour de Sébastien et de ses frères et soeurs. Avec l’aide des oncles et tantes, ceux-ci peuvent continuer de vivre dans leur maison. Finalement, grâce à cette mobilisation conjointe des proches et de la communauté, des solutions rapides et concrètes ont été trouvées : elles ont permis d’apaiser la famille et de faire respecter les droits de Sébastien.