Cet article réalisé à partir des résultats d’une recherche doctorale en travail social décrit une démarche de coanalyse de la pratique d’intervenant·es sociaux·ales impliqué·es en proximité avec des familles en situation de vulnérabilité. Les auteures illustrent l’usage des «voix absentes » dans l’animation du groupe d’analyse de la pratique. Selon cette disposition, les participant·es à la recherche sont invité·es à présumer du point de vue d’autres acteur·trices concerné·es par la situation analysée en groupe.  Il en ressort qu’en diversifiant les points de vue, cette disposition favorise la conscientisation et le développement du pouvoir d’agir. Bien qu’introduire les « voix absentes » dans les entretiens de recherche ne transforme pas les conditions de pratique qui contribuent à l’impuissance des acteurs de terrain, les auteures arrivent à la conclusion qu’il est raisonnable de penser que cette disposition engage une démarche conscientisante qui réduit les rapports inégalitaires recherche-pratique.